26/06/2025
CSE: Missions et fonctionnement

CSE et égalité professionnelle : rôle, mesures et index

cse et égalité professionnelle

CSE et égalité professionnelle : rôle, mesures et index. L’égalité professionnelle en entreprise n’est plus une simple ambition : c’est aujourd’hui une exigence légale et un enjeu majeur. Depuis la loi Avenir professionnel de 2018, les employeurs sont tenus de garantir l’égalité, notamment en matière de rémunération, de carrière et de conditions de travail. Dans ce contexte, le Comité Social et Économique (CSE) joue un rôle central. À la fois force de proposition et instance de contrôle, il accompagne la mise en œuvre des mesures d’égalité au sein des entreprises, en lien étroit avec les directions et les salariés. Dans cet article, découvrez en détail le rôle du CSE en matière d’égalité professionnelle, les obligations légales des entreprises et le fonctionnement de l’index d’égalité.

Quelles sont les obligations des entreprises en matière d’égalité professionnelle ?

Depuis plusieurs années, la législation française impose aux entreprises des règles strictes pour garantir l’égalité entre les femmes et les hommes au travail. Ces obligations concernent l’ensemble du cycle professionnel : de l’embauche à la rémunération, en passant par les conditions de travail, les promotions et les responsabilités exercées.

Une obligation de résultat depuis 2018

Interdiction des discriminations à l’embauche

Le Code du travail interdit toute forme de discrimination liée au sexe à l’embauche, à la formation, à la promotion ou au licenciement. Les entreprises doivent adopter une politique de recrutement fondée sur les compétences et garantir un traitement équitable tout au long de la carrière. Les biais systémiques, même involontaires, doivent être identifiés et corrigés.

Égalité de traitement en matière de rémunération et d’évolution

Les entreprises sont tenues de garantir une rémunération équivalente pour un travail de valeur égale. Cela inclut non seulement le salaire de base, mais aussi les primes, les avantages, les promotions, et les augmentations individuelles. Toute différence injustifiée de traitement entre une femme et un homme occupant des fonctions comparables peut être considérée comme une violation de la loi.

Transmission des données aux représentants du personnel via la BDESE

L’employeur doit mettre à disposition des représentants du personnel toutes les données relatives à l’égalité professionnelle dans la Base de Données Économiques, Sociales et Environnementales (BDESE). Ces données comprennent les indicateurs de l’index de l’égalité, la méthodologie de calcul, les mesures correctrices mises en place, ainsi que les éventuelles justifications des écarts constatés. L’absence de communication dans la BDESE peut entraîner des sanctions.

C’est quoi, l’Index de l’égalité professionnelle ?

Instauré pour renforcer l’engagement des entreprises en matière d’égalité entre les femmes et les hommes, l’Index de l’égalité professionnelle est devenu un indicateur central de la politique RH. Il permet de mesurer concrètement les écarts existants et d’inciter les employeurs à adopter des mesures correctives lorsque cela est nécessaire.

Index d’égalité professionnelle : comment ça marche ?

Créé par la loi Avenir professionnel du 5 septembre 2018, cet outil a un objectif simple : mesurer les inégalités entre les femmes et les hommes en matière de rémunération, d’évolution professionnelle et de conditions de retour au travail après un congé maternité, entre autres. En imposant une obligation de résultat, l’État pousse les entreprises à identifier et corriger les déséquilibres constatés.

Depuis 2019, l’index est obligatoire pour toutes les entreprises d’au moins 50 salariés. Chaque année, ces entreprises doivent le calculer, le publier au plus tard le 1er mars, et cette publication doit figurer sur le site internet de l’entreprise, ou, à défaut, être portée à la connaissance des salariés par tout autre moyen. Elle doit inclure non seulement la note globale sur 100, mais aussi le détail des indicateurs.

Si nécessaire, l’entreprise doit prendre des mesures correctives (décret n°2019-15 du 8 janvier 2019 et articles L1142-8 à L1142-11 du Code du Travail).

Comment calculer l’index d’égalité professionnelle ?

L’Index de l’égalité professionnelle se présente sous la forme d’une note sur 100, calculée à partir de 4 ou 5 indicateurs selon la taille de l’entreprise.

Les cinq indicateurs pour les entreprises de 250 salariés et plus :

  • Écarts de rémunération entre femmes et hommes : 40 points
  • Écarts d’augmentations individuelles : 20 points
  • Écarts de promotions : 15 points
  • Augmentations après un congé maternité : 10 points
  • Parité parmi les 10 plus hautes rémunérations : 15 points

Pour les entreprises de 50 à 249 salariés, les indicateurs sur les augmentations et les promotions sont fusionnés. Le total reste de 100 points, mais les critères sont ajustés pour tenir compte des spécificités des PME.

Interprétation et conséquences du score

Quelle est la note attendue ?

La loi fixe un seuil de conformité à 75 points sur 100. Atteindre ce score signifie que l’entreprise respecte un niveau acceptable d’égalité. En dessous, l’écart est considéré comme problématique et appelle des actions correctrices.

Que faire si le score est trop bas ?

En cas de résultat insuffisant, l’entreprise dispose d’un délai de trois ans pour mettre en place des mesures permettant d’atteindre ou de dépasser le seuil minimal. Ces actions doivent être discutées avec les représentants du personnel, notamment le CSE, et intégrées à la stratégie RH. En l’absence d’amélioration, des sanctions financières peuvent être appliquées.

Risques et sanctions financières pour l’entreprise

Si l’entreprise ne se conforme pas à ses obligations dans les délais impartis, elle s’expose à une pénalité financière pouvant aller jusqu’à 1 % de sa masse salariale. Cette sanction vise à renforcer l’efficacité du dispositif et à faire de l’égalité professionnelle une priorité concrète et mesurable.

Obligation d’information et sanctions en cas de manquement

Communication obligatoire aux élus du CSE et aux salariés

Outre la publication externe, l’employeur doit impérativement transmettre les résultats de l’index aux membres du CSE. Il est également dans l’obligation de leur fournir des explications précises sur les calculs effectués, les écarts constatés, les mesures de correction envisagées et les moyens mis en œuvre pour améliorer la situation. Cette communication est une condition essentielle pour permettre au CSE de jouer pleinement son rôle de contrôle et de proposition.

Sanctions possibles pour l’employeur

Si l’employeur refuse de transmettre les informations relatives à l’égalité professionnelle dans la BDESE ou ne respecte pas ses obligations d’information, il s’expose à une amende pouvant atteindre 7 500 € pour délit d’entrave. Ce montant peut être cumulé en cas de pluralité d’infractions ou de récidive.

Obligation de transmettre les résultats à l’inspection du travail

L’employeur doit également transmettre chaque année les résultats de l’index à l’inspection du travail (DREETS). Cette transmission est obligatoire, et son absence constitue une infraction passible de sanction. L’administration peut ainsi exercer un suivi régulier et, le cas échéant, engager des contrôles ou des mesures correctives.

Quel est le rôle du CSE dans l’égalité professionnelle ?

Le Comité Social et Économique (CSE) est un acteur essentiel dans le pilotage et le contrôle des politiques d’égalité professionnelle en entreprise. Doté de droits d’information et de consultation, il veille à ce que les engagements légaux soient respectés et que des actions concrètes soient mises en œuvre pour réduire les écarts entre les femmes et les hommes.

Une mission de suivi et de vigilance

Participation à la consultation sur la politique sociale de l’entreprise

Chaque année, le CSE est consulté sur la politique sociale de l’entreprise. À ce titre, il évalue les mesures en faveur de l’égalité professionnelle : égalité salariale, conditions de travail, équilibre vie pro/vie perso, représentativité, etc. Cette consultation permet au CSE d’interroger la stratégie de l’employeur et de proposer des améliorations.

Droit de recours à un expert en égalité professionnelle

En cas de doute ou pour approfondir l’analyse des écarts constatés, le CSE peut faire appel à un expert habilité. Cet accompagnement professionnel permet de mieux comprendre les données transmises, d’identifier les axes de progrès et de renforcer les propositions du comité.

Consultation sur la méthode de répartition des salariés (si non répartis par CSP)

Lors de l’analyse des indicateurs liés à l’index égalité, l’entreprise peut être amenée à répartir les salariés selon une méthode spécifique, notamment en l’absence de classification par catégorie socio-professionnelle (CSP). Le CSE doit alors être consulté sur la méthode retenue, afin de garantir l’objectivité et la pertinence des résultats.

Un acteur clé dans la mise en place des mesures

Appui à la négociation obligatoire sur l’égalité professionnelle

Dans les entreprises concernées, une négociation obligatoire sur l’égalité professionnelle doit être menée. Le CSE y joue un rôle déterminant en participant aux échanges, en formulant des propositions et en s’assurant que les accords conclus sont suivis d’effets concrets.

Suivi de la mise en œuvre des engagements pris par l’employeur

Les mesures issues de la négociation doivent faire l’objet d’un suivi régulier. Le CSE contrôle leur application, identifie les éventuels blocages et propose des ajustements si nécessaire. Il veille également à la cohérence entre les engagements de l’entreprise et les résultats obtenus.

Dialogue social : importance du respect et de la concertation continue

L’efficacité des actions en faveur de l’égalité repose sur un dialogue social de qualité. Le CSE contribue à maintenir une concertation ouverte avec l’employeur, dans un climat de confiance et de transparence. C’est cette coopération qui permet de construire des solutions durables et adaptées aux besoins des salariés.

Comment le CSE agit pour l’égalité professionnelle ?

Actions contre les discriminations et le harcèlement sexuel

Le CSE peut proposer des actions de prévention ciblées, en lien avec les risques identifiés dans l’entreprise : discriminations à l’embauche, propos sexistes, inégalités de traitement, etc. Il peut imposer une culture de tolérance zéro et contribuer à améliorer le climat de travail.

Création de dispositifs d’alerte

Pour permettre aux salariés de signaler des comportements inappropriés ou des situations à risque, le CSE peut encourager la mise en place de dispositifs d’alerte internes, anonymes et sécurisés. Ces outils renforcent la capacité d’intervention de l’entreprise face aux comportements problématiques.

Mise en place d’un référent harcèlement sexuel

Depuis 2019, toutes les entreprises de plus de 250 salariés doivent désigner un référent en matière de harcèlement sexuel. Le CSE désigne également son propre référent. Ce binôme joue un rôle essentiel d’écoute, d’accompagnement et de sensibilisation auprès des équipes.

Formations, campagnes de sensibilisation, sondages internes

Le CSE peut initier ou soutenir des campagnes d’information et des formations internes pour faire évoluer les mentalités. Il peut également proposer des sondages anonymes pour mieux cerner les attentes des salariés en matière d’égalité et orienter les actions à venir.

Comment le CSE peut améliorer l’égalité professionnelle ? ?

Au-delà de son rôle de contrôle, le Comité Social et Économique (CSE) peut devenir un véritable moteur de progrès en matière d’égalité professionnelle. En agissant de manière proactive, il peut proposer des actions concrètes, accompagner les salarié(e)s et favoriser une culture d’entreprise plus équitable. Deux leviers clés permettent au CSE d’agir efficacement : la création d’une commission dédiée et la promotion de l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle.

Création d’une commission égalité professionnelle

Obligatoire dès 300 salariés

Dans les entreprises de plus de 300 salariés, la création d’une commission de l’égalité professionnelle est obligatoire. Composée de membres du CSE, cette commission se concentre spécifiquement sur les problématiques liées à l’égalité entre les femmes et les hommes.

Préparation des délibérations sur le rapport de situation H/F

Chaque année, l’employeur doit établir un rapport comparé de la situation des femmes et des hommes dans l’entreprise. La commission égalité professionnelle prépare les délibérations du comité sur ce rapport. Elle analyse les écarts de rémunération, de formation, de promotion ou encore de conditions de travail.

Appui à la négociation collective sur l’égalité

La commission joue également un rôle de soutien dans la préparation de la négociation obligatoire sur l’égalité professionnelle. En collectant les données, en formulant des propositions et en participant aux échanges, elle renforce la pertinence et l’efficacité des accords conclus. Elle peut aussi suivre l’exécution des engagements pris dans ces accords.

Comment le CSE peut favoriser l’équilibre vie pro / vie perso ?

Accompagnement des femmes pour maintenir leur carrière

Le CSE peut proposer des dispositifs spécifiques pour éviter que les femmes interrompent leur carrière ou soient pénalisées après un congé maternité. Le CSE peut encourager une meilleure répartition des rôles familiaux en favorisant la prise de congé paternité. Cette action permet de déconstruire les stéréotypes de genre et de limiter la pénalisation des femmes dans leur parcours professionnel. En valorisant l’implication des pères, l’entreprise envoie un signal fort en faveur de l’égalité.

Réaménagements des postes ou horaires si nécessaire

Certaines situations personnelles peuvent justifier un aménagement temporaire des horaires ou des missions. Le CSE peut soutenir ces demandes en veillant à ce qu’elles soient traitées de manière équitable, sans stigmatisation. Il peut également proposer des dispositifs souples pour répondre aux besoins des salariés, qu’ils soient parents, aidants ou en situation de fragilité.

FAQ – Égalité professionnelle et CSE : les réponses à vos questions

Qui est concerné par l’Index de l’égalité professionnelle ?

Toutes les entreprises d’au moins 50 salariés sont concernées par l’obligation de calcul, publication et transmission de l’index de l’égalité professionnelle. En dessous de ce seuil, les entreprises ne sont pas soumises à cette obligation, mais restent tenues de respecter le principe d’égalité de traitement.

L’employeur est tenu par la loi de transmettre les informations relatives à l’index dans la BDESE et de les rendre accessibles aux élus du CSE. En cas de non-respect, cela constitue un délit d’entrave, passible d’une amende pouvant aller jusqu’à 7 500 €. Il est recommandé de saisir l’inspection du travail en cas de refus persistant.

Le CSE ne peut pas imposer directement des décisions à l’employeur, mais il dispose d’un droit de consultation, d’alerte et de proposition. Il peut recourir à un expert, initier des négociations et intervenir dans le dialogue social pour faire évoluer les pratiques. En cas de désaccord profond, des recours sont possibles auprès des autorités compétentes.

Les risques sont multiples :

  • Sanction administrative : jusqu’à 1 % de la masse salariale annuelle, si l’entreprise n’atteint pas 75/100 dans les délais impartis.
  • Amende pour délit d’entrave : jusqu’à 7 500 € si les élus ne reçoivent pas les informations requises.
  • Atteinte à la marque employeur : un mauvais score peut nuire à l’image de l’entreprise auprès des talents et des clients.

En tant qu’instance représentative du personnel, le CSE joue un rôle fondamental dans cette dynamique, en veillant au respect des obligations, en soutenant les démarches correctives et en participant activement au dialogue social.

Grâce à des outils structurants comme l’Index de l’égalité professionnelle, les entreprises disposent désormais de repères clairs pour évaluer leur niveau d’engagement et progresser concrètement.

Pour y parvenir, la collaboration entre employeurs et élus du personnel est essentielle. Si vous êtes membre d’un CSE, n’hésitez pas à vous former, à solliciter un expert et à vous appuyer sur des partenaires engagés comme Emile’s, qui accompagnent les comités dans la valorisation de leur rôle social et économique.